Droit des femmes

Le 8 mars 2021, nous pourrions nous réjouir des transformations des mentalités engendrées par le mouvement #metoo, de l’arrivée au pouvoir de femmes inspirantes, des lois instaurant la parité dans les CA des grandes entreprises. Nous pourrions croire que la marche vers l’égalité femme-homme est inéluctable et que les progrès sociaux engendrés par la justice de genre vont advenir d’eux-mêmes.

Ce serait oublier les paroles de Simone de Beauvoir, qui ont un écho tout à fait particulier en cette période : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. ». Lutter pour les droits des femmes aujourd’hui reste donc plus que nécessaire car la crise a été révélatrice des inégalités femme-homme : les femmes étaient en première ligne, dans le milieu hospitalier, l’aide à la personne, l’enseignement, les grandes surfaces, le ménage. Or ces métiers, dits du CARE (du soin), sont parmi les plus mal rémunérés. Notre société ne reconnaît toujours pas à sa juste valeur l’apport des femmes au fonctionnement de la société.

Cette année de crise aura aussi montré les déséquilibres au sein des familles : le suivi de la scolarité des enfants et l’organisation du foyer reposait davantage sur les épaules des femmes, faisant déborder la charge mentale et rendant encore plus évidente la double voire triple journée que les femmes mènent.

Enfin, durant cette année, les appels de femmes victimes de violences conjugales au 3919 ont monté en flèche (+40% pendant le premier confinement, +60% pendant le second). Ces moments de confinement ont été au cauchemar pour un grand nombre de femmes. Si on peut saluer la libération de la parole et une prise en compte médiatique large de ce phénomène, on ne peut que déplorer de constater que les chiffres des violences ne baissent pas.

Ce bilan féministe de la crise doit nous engager à l’action car, non, l’illusion d’une égalité progressant naturellement ne doit pas nous berner. Ce sont, comme toujours, des engagements militants et des actions politiques qui feront avancer l’égalité f/h. La Ville de Strasbourg est engagée depuis plus de 10 ans dans une politique volontariste. Son identité féministe avait été forgée par Mine Gunbay, à l’origine de la création de la Mission pour les droits des femmes et du dialogue inter associatif. Aujourd’hui, cet échange avec le milieu associatif féministe reste primordial. Certes, les divergences au sein du mouvement féministe sont connues, mais je souhaite faire de cette instance un lieu de rassemblement contre notre seul ennemi commun : le patriarcat.

Je suis honorée et heureuse de poursuivre aujourd’hui cette noble mission, aux côtés d’une Maire féministe et au sein d’une équipe municipale qui porte haut ces valeurs. C’est grâce à l’appui précieux des tou.te.s les élu.es que nous actionnerons des leviers dans tous les domaines pour favoriser la prise en compte des femmes et de leurs droits afin qu’elles bénéficient des mêmes libertés et opportunités que les hommes.

Notre plan d’action des futures années intègre ainsi des projets concernant le sport, la culture, l’aménagement urbain, la santé, l’insertion professionnelle, l’égalité professionnelle, l’éducation, la sécurité, le monde associatif ou encore la participation citoyenne de toutes les femmes.

Cette attention portée à la place des femmes dans toutes nos politiques est une ouverture naturelle vers une ville plus inclusive car porter une attention à une partie de la population historiquement opprimée et invisibilisée nous amène à réfléchir à toutes les formes de discriminations. C’est ainsi que nous avancerons, ensemble, vers davantage de justice sociale.

*cette tribune a été rédigée en écriture inclusive. La langue étant porteuse d’une idéologie, il est primordial que notre façon de communiquer laisse apparaître, enfin, la moitié de l’humanité.

Cette tribune a été rédigée par Christelle Wieder, Adjointe à la Maire de Strasbourg en charge des droits des femmes et de l’égalité de genre.

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Tribune élu·es
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